Quand Daniel Sanzey m’a parlé de mettre en scène « Confession d’une grosse patate » avec moi dans le rôle de la patate, je lui ai dit « Ça va pas la tête ? » Je n’ai jamais fait du théâtre, je ne suis pas une comédienne et je suis déjà tellement débordée… Mais Daniel avait déjà mis en scène deux de mes livres « Un jour mon prince grattera » et « Les potins du potager » avec beaucoup de verve et d’exubérance et du succès. Je savais que je pouvais lui faire confiance. Et puis j’aime aller où la vie m’amène.
Dans mon arrière-pensée, je croyais qu’il allait enfin faire le miracle et me débarrasser de mon effroyable accent. J’avais la petite idée aussi qu’en apprenant 141 pages de texte, je pourrais me battre contre la maladie d’Alzheimer. Et puis, il ne devait rien avoir de sorcier à m’agiter un peu sur scène à 61 ans !
J’ai donc dit oui à Daniel. Il m’a prévenu : « Attention ! Si tu t’engages avec moi à faire cette pièce, tu ne vas pas courir la France pour les rencontres et les animations, tu vas bosser ma fille ! »
« Oui, oui ! » j’ai dit en persévérant à penser « ouais, cause toujours ! ». Les comédiens ont l’air de bien s’amuser sur scène. J’ai un nouveau respect pour les comédiens. Quel boulot !
« Okay, Daniel, qu’est-ce qu’on fait ? »
« Apprends ton texte. »
Ça fait quatre mois, que j’essaie d’apprendre ce texte en le lisant, en l’écrivant, en l’enregistrant, en l’écoutant récité par ma fille. Tous les soirs, j’apprends trois pages par cœur et tous les matins ces trois pages se sont évaporées comme si mon cerveau ne savait pas les absorber.
Panique !
Puis on a commencé à travailler ensemble et je me suis mise à avoir un peu plus confiance, le texte venait, Daniel était rassurant (et firme !) Il a trouvé des idées de mise en scène selon son habitude de simplicité et de dévouement au texte, théâtre certes, mais sans trop d’artifice.
Et puis on verra… si ce qui est venu de nos cœurs va atteindre les vôtres !
Une déception : il ne veut pas toucher à mon accent !
S.Morgenstern