Je ne sais pas si c’est vraiment intéressant de savoir qu’un tel soit né telle date à tel lieu, mais cela semble incontournable, même si ça devient douloureux. Je suis un écrivain de jeunesse. Est-ce que ça veut dire que je ne vieillirai pas ? Souvent on me demande pourquoi j’écris pour les enfants plutôt que pour les vieux et je réponds « J’écris pour tout le monde ! » C’est simple : quand j’ai une idée, d’habitude ça se passe dans l’enfance ou l’adolescence. Si un jour j’ai une idée pour les vieux, j’écrirai un roman pour eux (je l’ai déjà fait !). C’est vraiment la même chose, même papier, même crayon et un, deux, trois, partez !
Je suis née donc, c’est sûr, le 18 mars 1945 à Newark, dans le New Jersey.
Newark est sans doute la ville la plus moche de tous les Etats-Unis, mais trois autres écrivains que j’admire sont aussi nés à Newark (Stephen Crane, Philip Roth et Paul Auster) et je suis fière finalement de faire partie de la bande. L’escale du livre de Bordeaux m’a demandé de choisir un auteur (vivant) et de l’inviter à Bordeaux pour ce salon. A moi de l’interviewer !
J’ai écrit amoureusement à Philip Roth, je rêve depuis toujours de le rencontrer, et puis je me suis mise à relire son œuvre pour pouvoir poser de bonnes questions. J’ai un dialogue permanent avec lui. Mais son agent vient de répondre qu’il ne viendra pas. Zut ! Je continuerai à rêver …
J’ai eu ce que l’on peut appeler une enfance heureuse. Il y avait un seul problème : ma famille était tellement bruyante et chacun devait absolument donner son avis sur tout et tout de suite, que je ne pouvais jamais placer un mot.
J’ai découvert que le seul moyen pour moi de parler était d’écrire. Ca tombait bien parce que j’adorais ça. Je m’enfermais des heures entières pour « parler » à mes cahiers. A l’école on m’appelait « Susie Shakespeare » et je pleurais parce qu’il n’était pas très beau. Au lycée, j’étais rédactrice en chef du journal de mon lycée à Belleville, dans le New Jersey. C’était très prestigieux !
Je n’ai jamais cessé d’écrire pour moi tout en poursuivant mes études à la Rutgers University, à l’Hebrew University de Jérusalem puis à la faculté de lettres de Nice.
Le miracle de ma vie a été de tomber amoureuse d’un mathématicien français barbu, Jacques Morgenstern. Je l’ai suivi en France avec mes trois mots de français. Aliyah ma fille aînée est née en 1967. En 1971, j’ai accouché de Mayah et de ma thèse de doctorat en littérature intitulée : « Les fantasmes chez l’écrivain juif contemporain » (dont Philip Roth !). Je n’avais plus le temps ni l’envie de jouer de la contrebasse comme je l’avais fait presque professionnellement, dans les registres jazz et classique. Je n’avais plus envie non plus de faire de la critique littéraire.
Et puis mes enfants aidant, j’ai été très inspirée pour débuter ma carrière en tant qu’auteur/illustrateur. Rapidement, mes textes se sont allongés, mes livres grandissaient avec mes enfants.
Tout m’intéresse, mais surtout l’amour, les gens, les rencontres, la famille, et les livres. J’aime espionner la vie de tous les jours et essayer de construire mes histoires autour de ce monde réel.
J’ai eu beaucoup de chance de trouver une passion. J’ai reçu en 1981 le « Grand prix du livre pour la jeunesse » pour « C’est pas juste ! », le « Prix loisirs jeunes lecteurs » pour « Un anniversaire en pomme de terre », le « Prix 1000 jeunes lecteurs » pour « Oùkélé la télé » et « les deux moitiés de l’amitié ». Et de nombreux autres pour « Lettres d’amour de 0 à 10 » et « Joker ». Il y a eu le « Prix des lecteurs de Bilières » (« Privée de bonbecs ») et le « Prix des collègiens de Vannes » « L’orpheline dans un arbre ») C’est vraiment sympa de savoir que ces livres que l’on écrit dans la solitude et le doute, touchent des lecteurs.
Je continue aujourd’hui à écrire mais je n’enseigne plus l’anglais à l’Université de Nice. J’ai pris ma retraite et ouf !(puisque vous connaissez mon âge !). Mais depuis ce moment, ma vie s’est diversifiée. J’ai joué moi-même dans un one-woman show (à deux !) dans un spectacle de Daniel Sanzey et le Théâtre du fauteuil, basé sur mon livre « Confession d’une grosse patate » à travers la France et l’Amérique (y compris la Belgique). Et puis Thierry Magnier qui est venu voir mon spectacle m’a entendu chanter et il m’a demandé d’enregistrer les chansons des comptines anglaises traditionnelles publiées en français et en anglais dans un livre CD chez Actes-Sud. J’adore chanter ! J’ai enregistré quatre autres livres CD : Le Don, La chemise d’une femme heureuse, Même les princesses doivent aller l’école, et George Gershwin, Monsieur Musique.
Je suis toujours inspirée par mes quatre petits enfants Yona, Noam et Emma, inspiratrice de la série « Emma » (Nathan) et Sacha. Et la vie !
Je suis heureuse que l’on m’a donné une décoration ! (Chevalier des arts et des lettres) pour tous mes efforts d’écrire dans une langue qui n’est pas ma langue maternelle, pour me battre contre les fautes d’orthographe, pour vivre en compagnie des dictionnaires.
On aurait pu quand même la donner à mes filles qui corrigent mes manuscrits !
Le site officiel de Susie Morgenstern
Vous trouverez plein de choses sur mon site dont la liste de TOUS mes livres, des photos inédites, certains projets en cours et toutes les nouveautés me concernant. Si vous êtes perdus, il vous suffit de faire une recherche ou de vous référer au plan du site.
C’est mon gendre, qui m’a offert ce site pour mes 60 ans.
Susie Morgenstern